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La Doctrine du Libre Arbitre

par

 Jean Leduc

  

  


Chapitre 1 :

Le principes de Libre-Arbitre


Chapitre 2

L'homme ne veut pas de Christ


         Chapitre 3 :

La croix de Christ condamne le péché dans la chair

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 4 :

Ceux qui viennent à Christ sont attirés

 

Chapitre 5 :

Le fondement de la nouvelle Alliance




CHAPITRE 1

LES PRINCIPES DU LIBRE-ARBITRE


  On entend souvent parler du libre-arbitre (libre-choix) de nos jours, surtout au sein des sectes évangéliques, mais très peu ont la notion de tout ce que cela implique. Le libre arbitre est la faculté qu’aurait supposément l'être humain de se déterminer librement et par lui-seul, à agir et à penser, par opposition au déterminisme ou au fatalisme, qui affirment que la volonté est déterminée dans chacun de ses actes par des « forces » qui l’y nécessitent. «Se déterminer à» ou «être déterminé par» illustrent l’enjeu de l’antinomie du destin ou de la «nécessité» d'un côté et du libre arbitre de l'autre. La scolastique définit traditionnellement le liberum arbitrium comme «facultas voluntatis et rationis» (faculté de la volonté et la raison: cf. Saint Thomas d'Aquin (Thomas d'Aquin), Somme théologique, I, q. 82, a.2, obj. 2).


Cette expression est exacte si elle désigne la collaboration de ces deux facultés dans la genèse de l’acte libre, mais erronée en un sens plus technique. À proprement parler, le libre arbitre est une puissance de la volonté (ibid., q. 83, a. 3); mieux, elle est la volonté elle-même en tant que la volonté opère des choix. Le libre arbitre, en son essence, n’est autre que la volonté dans la libre disposition d’elle-même; vouloir, c’est décider librement, et c’est donc être libre. L’acte libre répond au schéma suivant: la volonté éprouve le désir d’un bien (appétition), qui constitue la fin de l’action; elle sollicite la raison à délibérer sur les moyens de parvenir à ce bien (délibération), mais c’est à elle qu’appartient de choisir le moyen qui lui semble le plus approprié (electio en latin, qui signifie choix) pour parvenir à cette fin, de mouvoir le corps pour mettre en œuvre ces moyens (l’action à proprement parler), et de jouir du bien obtenu (fruition). C’est donc la volonté (plus que la raison) qui joue le rôle moteur et elle ne parviendrait à rien sans le concours de la raison.


Dans ce schéma de l’action, le libre arbitre se manifeste tout particulièrement dans le choix, que Thomas d’Aquin définissait comme l'«actus proprius» (l’acte éminent ou l’acte propre) du liberum arbitrium. Notons que la doctrine du libre-arbitre est la doctrine de base du catholicisme. Considéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, Thomas d'Aquin a été canonisé en 1323, puis proclamé docteur de l'Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880.


Il est également un des patrons des libraires. Il est aussi qualifié du titre de «Docteur angélique». Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle, une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu'il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie réaliste d'Aristote. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae) afin d'exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière 'subalternée' à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude.

 

Au XVIIe siècle, les jésuites, d'accord avec le célèbre théologien Jésuite d'Espagne, Luis de Molina, ont été pour la plupart les défenseurs du libre arbitre dans l'ordre de la nature comme dans celui de la grâce. Pour Molina, la doctrine de libre arbitre n'exclut pas la prédestination. Le Dieu omniscient, par sa scientia media (la phrase est de Molina, bien qu'on retrouve aussi l'idée chez Fonseca), ou sa capacité de connaître les évènements futurs, prévoit comment sera utilisé notre propre libre arbitre. Ces doctrines, bien qu'en accord avec les doctrines dominantes de l'Église catholique, et recommandées car en opposition totale avec les enseignements de Martin Luther et Jean Calvin, causèrent de violentes controverses. Malgré les thomistes, théologiens ou philosophes, ils ont énergiquement soutenu la réalité et l'efficacité des causes secondes contre les causes occasionnelles de Malebranche ou la prédétermination janséniste. Ils n'ont jamais accepté le prétendu principe que Dieu seul agit en nous. Saint Thomas avait ainsi déterminé le rapport entre la cause première et la cause seconde: «Deus ita cum causis etiam liberis concurrit ut non solum iis dederit et conservet virtutes operatrices, sed etiam eas moveat et applicet ad agendum.» Molina refuse d'accepter la fin de cette phrase; elle serait, d'après lui, attentatoire à la liberté humaine. Il dit: L'action de Dieu concourt seulement avec notre libre arbitre; ce concours est indéterminé, indifférent, en ce sens que l'effet dépend non de Dieu, mais de la coopération ou de la résistance de l'homme. On se croirait ici en plein champ évangélique moderne, car ces sectes prétendument chrétiennes détiennent exactement la même position, démontrant qu'elles ont été infiltrées par les Jésuites.

 

Le concept de libre arbitre a fait l’objet de trois catégories de critiques, l’une théologique (attribuer à l’homme un libre arbitre, n’est-ce pas nier ou du moins, minimiser le rôle de la grâce divine dans l'œuvre du salut ?), l’autre philosophique (le libre arbitre ne revient-il pas à nier l’influence des motifs ou des mobiles qui déterminent nos choix et nos actions ?), et la dernière d'ordre soit psychanalytique (le libre arbitre n'est possible que si l'on est en mesure de dominer son inconscient) soit de ce que l'on appelle les sciences humaines. La première critique est motivée par le "prédestinationisme": elle aboutit aux conflits autour de la prédestination caractéristiques de la Réforme. La seconde est motivée par le "nécessitarisme" ( mais aussi, dans une mesure plus complexe le "rationalisme"), le fatalisme et le déterminisme. Le thomisme attribue le libre arbitre à Adam, dans le jardin d’Éden, principalement pour lui imputer l’origine du mal par la responsabilité du péché originel, mais il néglige de réaliser que l'homme n'a pas été créé libre, mais comme serviteur, c'est à dire un esclave, car il ne pouvait faire autrement que d'être assujetti à la grâce d'une vie pure et sans tache dans sa communion avec Dieu. Ce n'est qu'à la Chute que sa capacité de choisir entre en jeu, qu'il perd sa communion avec Dieu et que sa volonté devient esclave de la chair et du péché.

 

Pour Spinoza le libre arbitre est une totale illusion qui vient de ce que l'homme a conscience de ses actions mais non des causes qui le déterminent à agir. En effet, l'homme n'est pas un "empire dans un empire" mais une partie de la substance infinie qu'il appelle Dieu ou la nature. Cependant, l'homme dispose bien d'une liberté dans la mesure où il comprend avec sa raison pourquoi il agit. Est donc libre celui qui sait qu'il n'a pas de libre arbitre et qu'il agit par la seule nécessité de sa nature, sans être contraint par des causes extérieures qui causent en lui des passions. «Si les hommes naissaient libres, et tant qu’ils seraient libres, ils ne formeraient aucun concept du bien et du mal […] [car] Celui-là est libre qui est conduit par la seule raison et qu'il n'a, par conséquent que des idées adéquates.» — Éthique IV, proposition 68, Spinoza. L'homme libre n'a donc aucun concept du bien et du mal lequel est le résultat d'idées inadéquates et confuses, non plus que d'un bien qui lui serait corrélé. Spinoza définit le bien au début de la partie IV de l'Éthique: «Ce que nous savons avec certitude nous être utile» — Éthique IV, définition 1, Spinoza. Rapprochant cette définition de sa Préface et des propositions 26 et 27, son éthique nous renverrait à une éthique des vertus plutôt qu'à un utilitarisme. Toutefois, observant que les hommes ne sont que des parties de la nature, il en déduit que cette hypothèse d’une liberté de l’homme dès la naissance est fausse. Les parties de la nature sont soumises à toutes les déterminations de celle-ci, et elles sont extérieures à l’homme. Il considère donc que le sentiment de liberté de l’homme résulte du fait qu’il n’a connaissance que des causes immédiates des évènements rencontrés. Il rejette alors le libre-arbitre, parlant plutôt de «libre nécessité» (Lettre à Schuller). Spinoza commente alors ainsi l’épisode du jardin d'Éden: «C’est cette détermination que semblent signifier les paroles de Moïse dans la fameuse histoire du premier homme […] cette liberté originaire impossible quand Moïse raconte que Dieu interdit à l’homme libre de manger le fruit de la connaissance du bien et du mal et que, dès qu’il en mangerait, il craindrait la mort plus qu’il ne désirerait la vie» — Éthique IV, proposition 68, scolie, Spinoza.


 

CHAPITRE 2

L'HOMME NE VEUT PAS DE CHRIST


  L'essence de la doctrine du libre arbitre, est l'élément qui équivaut à prétendre que l’homme n’est pas absolument perdu, il resterait quelque chose de bon en lui, quelque capacité louable, quelque aptitude pour plaire à Dieu. Tous ceux qui n’ont jamais été profondément convaincus de péché, ou ceux chez lesquels cette conviction n’est basée que sur des déviations symptomatiques, admettent plus ou moins le libre arbitre. C’est la doctrine de tous les raisonneurs, de tous les philosophes, de tous les faux chrétiens; or cette doctrine change complètement l’idée du christianisme et le pervertit entièrement.

 

Si Christ est venu pour sauver ce qui est perdu, et la grâce du salut est pour ses élus seuls et non pour tous les hommes, le libre arbitre n’a pas de raison d’être. Ce n’est pas que Dieu empêcherait l’homme de recevoir Christ, mais que son plan d'élection et de réprobation (exclusion) ne peux être altéré. Mais lors même que Dieu présente tous les motifs possibles, et emploie tout ce qui est capable d’agir sur le cœur de l’homme, cela ne sert qu’à démontrer que l’homme ne veut pas de Christ, que son cœur est si corrompu, et sa volonté si déterminée à ne pas se soumettre à Dieu (car sa nature dépravée l’encourage à pécher), que rien ne peut le porter à recevoir le Seigneur et à abandonner le péché, car, depuis la Chute, la déviation est l'essence même de sa nature, il ne peut faire autrement que péché. Si par ce terme: «Liberté de l’homme», on entend que personne ne peut le forcer à rejeter le Seigneur, cette liberté existe en plein car elle est naturelle pour l'homme, personne ne peut le forcer à rejeter le Seigneur car il le fait naturellement. Mais si l’on admet qu’à cause de la domination du péché dont il est l’esclave, et cela volontairement, il ne peut pas échapper à son état et choisir le bien — même en reconnaissant que c’est le bien et en l’approuvant, — alors il n’a aucune liberté. Il ne se soumet pas à la loi de Dieu, et aussi il ne le peut pas, de sorte que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu (Romains 8:8). Certes que l'homme à la capacité de choisir en ce monde, notre existence sociale en dépend, mais cette capacité est esclave de la chair et du péché, elle ne peut en échapper malgré toutes les bonnes volontés et les bonnes œuvres.

 

Or c’est ici que nous touchons de plus près au fond de la question. Est-ce le vieil homme qui est changé, instruit et sanctifié, ou bien faut-il, pour être sauvés, que nous recevions une nouvelle nature ? La réponse est évidente: «Je verserai sur vous des eaux pures, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau.» (Ézéchiel 36:25,26) Le caractère général de l’incrédulité de nos jours n’est pas de nier formellement le christianisme, comme c’était le cas autrefois; on ne rejette pas ouvertement Christ, on est plus subtile, on l'accepte par un choix supposément libre comme une personne qu’on dit même divine, comme un Sauveur personnel venu pour sauver tous les hommes de leurs péchés, et qui rétablit l’homme dans sa position d’enfant de Dieu. Les Évangéliques, surtout ceux des sectes Pentecôtistes et Charismatiques, proclament ce message; cela leur fait sentir que sans Christ, ils sont perdus, mais pour eux ce n'est qu'une question sentimentale qui leur indique la nécessité du salut, elle n'est pas un appel de Dieu mais un appel psychologique qui est une contrefaçon de la vérité, en d'autres mots un faux évangile. Leur répugnance à l’égard de la grâce toute pure, grâce inconditionnelle ou hypergrâce (grâce souveraine), les porte à la déformer avec une contrefaçon que l'on peut nommer l'hypogrâce (grâce assujettie), une grâce qui est conditionnelle aux efforts d'un choix personnel et aux caprices de tous et chacun. Ainsi leur désir de gagner les hommes est un mélange émotionnel de charité et de l’esprit ou raisonnement charnel de l’homme; en un mot, la confiance en leur propre force, jette la confusion dans leur enseignement et les amène, comme les autres, à ne pas reconnaître la chute totale de l’homme, ce qui fait que le salut par la grâce leur devient impossible, ils en sont déchus par leur persistance à se justifier par le choix d'une décision personnelle, ce que les Écritures nomment «la justification par les œuvres» et «la Grande Apostasie».


 

CHAPITRE 3

LA CROIX DE CHRIST CONDAMNE LE PÉCHÉ DANS LA CHAIR


  Quant à nous, nous voyons dans l’Écriture, et nous reconnaissons en nous-mêmes, que l’homme est totalement ruiné. Nous voyons que la croix est la fin de tous les moyens que Dieu a employés pour gagner le cœur de l’homme; elle démontre que la chose était impossible. Dieu a épuisé toutes ses ressources; l’homme a prouvé qu’il est irrémédiablement méchant; la croix de Christ le condamne, condamne le péché dans la chair. Mais cette condamnation a été manifestée en ce qu’un autre l’a subie, et c’est le salut parfait de ceux qui croient, de ceux qui ont été choisis d'entre ce monde perdu; car la condamnation, le jugement du péché, est derrière nous; la vie en est l’issue dans la résurrection. Nous sommes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus notre Seigneur. La Rédemption, le mot même perd sa force lorsqu’on conserve à l’égard du vieil homme les idées dont nous avons parlé plus haut. Dans un tel cas la Rédemption devient une amélioration, une délivrance pratique d’un état moral, et elle n’est plus le rachat accompli par l’œuvre d’un autre. Le christianisme enseigne la mort du vieil homme et sa juste condamnation, puis la Rédemption accomplie par Christ, et une nouvelle vie, la vie éternelle descendue du ciel dans sa Personne, et qui nous est communiquée quand Christ entre en nous par la Parole et l'Esprit de sa Sainte Présence. L’Arminianisme, ou plutôt le Pélagianisme, connu aussi comme doctrine du libre-choix ou justification par le choix d'une décision personnelle prétend que l’homme peut choisir de croire, et qu’ainsi le vieil homme est amélioré par la chose qu’il a acceptée, il se donne ainsi à l'obéissance de la loi et à la persévérance dans la foi dans le but de se justifier et de se glorifier. Le premier pas est fait sans la grâce, il ne peut en être autrement puisque l'homme est mort spirituellement, et c’est en réalité, dans ce cas, le premier pas qui coûte car tout ce qui en suit est déformé pour plaire à ses caprices.

 

Il va presque sans dire que le christien réel doit s'en tenir à l’Écriture, mais au point de vue philosophique et moral, le libre arbitre est une théorie fausse et absurde. Le libre arbitre est un état de péché, l'état d'indépendance même qui est la cause de la chute en Éden, il est le fruit direct de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme ne devrait pas avoir à choisir comme étant en dehors de la dépendance de Dieu. Pourquoi est-il dans cet état? Il ne devrait pas avoir de volonté, ni de choix à faire; il devrait obéir et jouir en paix, mais il a décidé lui-même d'être maître de son propre destin. S’il doit choisir le bien, c’est donc qu’il ne l’a pas encore. Il est privé en lui-même de ce qui est le bien. De fait, l’homme est disposé à suivre le mal, car tel a été son choix dès le début. Quelle cruauté de proposer une responsabilité à quelqu’un qui s’est déjà tourné vers le mal! En outre, philosophiquement parlant, pour choisir, il faut que l’homme soit indifférent, autrement il a déjà choisi quant à sa volonté — il doit donc être absolument indifférent. Or, s’il est absolument indifférent, qu’est-ce qui décidera son choix? Une créature doit avoir un motif, mais il n’en a pas puisqu’il est indifférent; et s’il ne l’est pas, c’est qu’il a choisi.

 

En fin de compte, il n’en est pas du tout ainsi. L’homme a une conscience, mais il a aussi une volonté et des convoitises, et elles le conduisent. L’homme était libre dans le paradis, mais alors il jouissait du bien. Il choisit librement, et la conséquence fut qu’il est un pécheur. Le laisser à son libre choix, maintenant qu’il est disposé à faire le mal, serait une cruauté. Dans la loi, Dieu lui a présenté le choix, mais cela a été pour convaincre sa conscience du fait que dans aucun cas l’homme ne veut ni le bien, ni Dieu, démontrant qu'il n'a pas la capacité d'obéir à la loi car celle-ci irrite sa conscience au plus haut degré puisqu'il se veut indépendant, son esprit est donc un de rébellion.

 

Croire que Dieu aime ses élus est tout à fait juste; mais ne pas croire que l’homme est en lui-même irrémédiablement méchant (et qu’il l’est malgré le remède), cela est très mauvais en ce que c'est une déformation de la vérité. Ceux qui pensent ainsi ne se connaissent pas eux-mêmes et ne connaissent pas Dieu, ce sont des prétentieux, des imposteurs qui s'imaginent être dans la bonne voie.


 

CHAPITRE 4

CEUX QUI VIENNENT À CHRIST SONT ATTIRÉS


  Ordinairement, lorsqu’on parle de liberté et de pouvoir, c’est à dire d’absence de contrainte sur nous et de la présence du pouvoir en nous, on confond les deux choses. Si je dis: «Chacun peut venir à la réunion», cela signifie qu’elle est ouverte, que l’accès en est libre à chacun. Mais quelqu’un me dit que ce n’est pas vrai, parce qu’un tel s’est cassé la jambe et ne peut pas venir. Ceci est un exemple simple pour faire comprendre ce que nous voulons dire. Ainsi lorsque le Seigneur dit: «Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire», ce n’est pas que Dieu empêche quelqu’un ou défende à quelqu’un de venir, ses élus se retrouvent à tous les niveaux de la société; mais l’homme est si mauvais dans sa volonté, et il est si corrompu, qu’à moins qu’une puissance en dehors de lui n’agisse sur lui, il ne peut pas venir, il n’est jamais moralement disposé à venir. Pour ce qui concerne Dieu, ceux qui viennent le font à cause qu'ils sont attirés irrésistiblement à venir, ils ne peuvent faire autrement car en lui est la vie éternelle (Jean 6:68). Mais en ce qui concerne l'homme en général, il y a un autre côté, c’est l’état de la volonté de l’homme. Il n’y a en lui aucune volonté de venir, bien plutôt le contraire. La vie était en Christ, mais il dit: «Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie». — «Venez, car déjà tout est prêt», est-il dit aux conviés dans la parabole, mais «tous unanimement commencèrent à s’excuser». L’homme ne désire pas être avec Dieu. «Il n’y a personne qui ait de l’intelligence», est-il dit encore, «il n’y a personne qui recherche Dieu». «Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne?» dit le Seigneur à Ésaïe, «pourquoi ai-je appelé, et il n’y a eu personne qui répondît?» «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu», voilà la réponse. La crucifixion du Seigneur est la preuve que l’homme n’a pas voulu Dieu lorsqu’Il est venu en miséricorde, et pour soulager toutes les misères. «Ils m’ont rendu la haine pour mon amour;» — «ils m’ont haï sans cause;» — «ils ont, et vu, et haï, et moi et mon Père.» Telles sont les déclarations du Seigneur. Et il en donne la raison. Quel que fût l’amour, et il est parfait et infini, Dieu est lumière aussi bien qu’amour, et «les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière.» Ils rejettent un amour qui humilie leur orgueil, et ils détestent une lumière qui réveille leur conscience. C’est pour cela qu’il est écrit: «Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.» C’est simplement un non-sens de parler de liberté quand on applique ce mot à la condition actuelle de l’homme, déjà tourné vers le mal. Admettant qu’il est tout à fait libre de venir, invité et supplié de toutes les manières possibles, parce que tout est prêt, on a la preuve qu’il ne veut pas, et qu’aucun motif ne peut l’engager à venir car son cœur est endurci par l'indépendance. «J’ai encore un Fils», dit Dieu dans la parabole; le Fils a été envoyé, mais l’homme n’a pas voulu de lui. Dire que l’homme n’est pas enclin au mal, c’est nier toute l’Écriture et tous les faits. Pour qu’il soit libre de choisir, il faut qu’il soit indifférent, indifférent au bien et au mal, c’est à dire sans préférence pour l’un ni pour l’autre. Or, il n’est pas vrai qu’il le soit, car les mauvaises convoitises et la propre volonté, ces deux grands éléments de péché, sont en lui; et s’il était vrai qu’il fut indifférent, ce serait horrible car le monde entier serait sans espérance.

 

Mais il y a plus; quand il veut le bien, le mal est avec lui; comment accomplir le bien? Il ne le trouve pas. Il y a dans ses membres une loi qui le rend captif de la loi du péché qui existe dans ses membres. Nul doute, grâces à Dieu, qu’il y ait une délivrance, mais une délivrance par et dans un autre. Or, délivrance n’est pas liberté dans le sens général du mot; c’est ce qui est accordé et effectué par un autre et ce dont on a besoin, parce que l’on a appris par l’expérience et par l’enseignement divin que l’on n’est pas libre et que l’on ne peut pas se rendre libre soi-même. C’est pourquoi, en Romains 6, où cette question est traitée à fond, on trouve la liberté dans la mort, la nature adamique étant crucifiée avec Christ. Alors, mais pas avant, l’apôtre peut dire: «Livrez-vous vous-mêmes», principe vrai et précieux lorsque je me tiens pour mort au péché et vivant à Dieu — non en Adam, — mais dans le Christ Jésus. Nous trouvons ce sujet résumé dans les versets 2 et 3 du chapitre 8: «la loi de l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort,» ce qui prouve que je n’étais pas libre avant de posséder Christ. L’apôtre ajoute: «car ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché dans la chair». Toutefois il faut comprendre que la vraie liberté consiste à être esclave de Christ: «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres.» (Jean 8:36); «Or, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice... maintenant affranchis du péché et esclaves de Dieu, vous en retirez pour fruit la sainteté, et pour fin la vie éternelle.» (Romains 6:18,22)


 

CHAPITRE 5

LE FONDEMENT DE LA NOUVELLE ALLIANCE


La liberté est le fruit de la délivrance par Christ, non pas que nous sommes libre de penser et d'agir comme nous le voulons, mais libre de la condamnation du péché et du châtiment éternel qui est réservé à tous les pécheurs sans exception. En premier lieu, dans Sa mort, le vieil homme, le péché dans la chair, est mort pour la foi; nous sommes crucifiés avec Christ, et nous avons la vie dans la puissance de l’Esprit en Christ; alors nous sommes libres. Mais les faits qui démontrent l’état de l’homme, et son histoire donnée par l’Écriture quand il est placé sous sa responsabilité, nous introduisent sur un terrain tout à fait différent. Et d’abord nous avons cette histoire qui manifeste plus clairement ce qui résulte de son état. Le conseil de Dieu a eu pour objet le dernier Adam, et non le premier. La première promesse fut faite à la semence de la femme, et non à Adam qui n’était pas sa semence. Adam avait succombé à la puissance de Satan, et la semence de la femme devait la détruire. Toutes les promesses sont faites à Christ, à Israël comme peuple choisi, ou à Abraham et à sa semence — aucune ne fut faite à l’homme comme tel. Sous l'Ancienne Alliance, Dieu commença avec la responsabilité de l’homme, d’abord avec le premier Adam, mais sans qu’il y eût un dessein ou une promesse le concernant. Cette responsabilité de l’homme en Adam après la chute fut mise pleinement à l’épreuve et de toutes manières — d’abord sans loi, puis sous la loi et, après les prophètes, par la venue de Christ en grâce, selon la Parole: «Ayant donc encore un unique Fils bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le dernier». Ainsi l’homme responsable fut entièrement mis à l’épreuve sous l'Ancienne Alliance, et le Seigneur en montre la fin quand il dit: «Maintenant est le jugement de ce monde». Étienne résume le tout par ces paroles (Actes 7): «Vous avez reçu la loi par la disposition des anges, et vous ne l’avez pas gardée. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté? Ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste, lequel maintenant vous, vous avez mis à mort. Vous résistez toujours à l’Esprit Saint; comme vos pères, vous aussi». Et ainsi rempli de l’Esprit Saint, Étienne va au ciel, et l’histoire de la terre est close.

 

On dira: «Oui, mais sous la Nouvelle Alliance la mort de Christ a posé un nouveau fondement de responsabilité». C’est vrai seulement sur le fait que sa mort plaça l’homme sur cette base en lui indiquant qu’il est déjà perdu, et que quand nous étions sans force, Christ est mort pour des impies. Personne ne veut venir, personne n’a d’intelligence, personne n’est là pour répondre. Nous ne pouvons nous-mêmes nous donner la vie, ni nous engendrer nous-mêmes pour Dieu. Nous sommes mort spirituellement et la seule disposition d'un mort est la corruption. La responsabilité de l'homme était d'obéir aux commandements de la loi et cela il ne pouvait pas le faire car son cœur est rebelle. La loi a en fait été donnée à l'homme pour lui indiquer qu'il ne pouvait pas l'observer et qu'il était sous la condamnation d'une mort éternelle. Sont but était de lui montrer qu'il avait besoin d'un Sauveur et de le diriger à Christ afin qu'il obtienne la vie. Néanmoins l'homme ne voulait pas venir pour avoir la vie, tout comme un mort ne peut sortir de la tombe par lui-même. Sous la Nouvelle Alliance l'homme n'a plus de responsabilité, celle-ci est transférée à Christ qui prend la charge de notre vie entière dans laquelle nous devons marcher par la foi en lui, foi qui est la sienne et qui est attribuée à ses élus dans les mérites de son sacrifice sur la croix.

 

Nous ne mettons pas en doute que la porte soit librement ouverte et que le sang soit sur le propitiatoire, mais c’est ce qui prouve, en dernier ressort, que l’homme ne veut pas venir, ni le désire-t-il. Dieu a ainsi démontré qu’aucun motif n’est suffisant pour engager l’homme à venir. Il faut qu’il soit entièrement né de nouveau, régénéré d'en haut depuis l'origine selon le décret d'élection. En d'autres mots, il faut qu'il soit traîné par l'Esprit avec contrainte jusqu'au pied de la croix, rendu honteux et abaissé dans la poussière de l'humilité, afin d'être relevé dans une nouvelle vie. L’Écriture nous donne l’histoire de tous les moyens que Dieu a employés envers l’homme, de tous les motifs qu’il lui a présentés, et le résultat final a été le rejet du Fils de Dieu et le jugement. Il faut donc que la grâce de la vie lui soit imposée, autrement l'homme demeure dans la mort. Cela est l'évidence que Dieu donne la vie seulement à ceux qu'il a choisi, tandis que le reste en sont exclu.

 

Le cas d’Adam était un peu différent, parce qu’il n’y avait encore en lui ni convoitise, ni volonté propre. L’homme n’était pas alors captif d’une loi de péché dans ses membres, le péché n’était pas en lui, il n’y avait pas besoin de délivrance, l’homme dans l’innocence était avec Dieu et ne voyait rien d'autre que Dieu, son identité en était complètement absorbée, il n'aurait jamais pu s'imaginer qu'il était qu'une simple créature. Il est clair que Dieu n’exerçait sur lui aucune contrainte pour l’empêcher de l’abandonner et de Lui désobéir. Son obéissance était mise à l’épreuve. Il n’était pas question, comme maintenant, de venir à Dieu, étant déjà méchant; la défense était simplement l’épreuve de l’obéissance. L’homme n’avait pas comme à présent une conscience dans le sens de connaître pour soi-même le bien et le mal, il n'était pas encore conscient de son état de créature, en cela, il était libre par sa servitude à Dieu. Sa chute a prouvé, non que la créature fut mauvaise, mais que, laissée à elle-même, elle ne pouvait rester debout, car la créature n'est pas le Créateur. A cause de cela il était nécessaire que la créature soit mise à l'épreuve. Dieu avait décrété que l'homme tombe de son état d'innocence, car il ne pouvait demeurer en Dieu de lui-même et par lui-même. Christ avait été prédestiné depuis avant la fondation du monde pour racheter son peuple. La chute était nécessaire afin que l'homme soit relevé par la grâce et restauré dans la gloire éternelle à travers le sacrifice de Christ, le dernier Adam et le Nouvel Homme. Obéir simplement était la place de l'homme avant la chute, et dès que la question se pose s’il doit obéir, le péché est là pour démontrer que l'homme n'est qu'une créature et non le Créateur et qu'il doit dépendre de Dieu pour avoir la vie. Le commandement de Dieu «tu n'en mangeras point» (Genèse 2:17) engendra en l'homme sa liberté de choisir, il avait quitté sa position de simple innocence, il fallait qu'il soit mis à l'épreuve et qu'il tombe afin que Christ puisse venir nous racheter d'après le décret éternel de Dieu. Son libre-choix a été de courte durée, le choix qu'il fit il le prit pour chacun de nous et nous en subissons tous les conséquences.

 

Nous nions que la moralité dépende de la liberté de choisir. L’homme fut créé dans une certaine relation avec Dieu; la moralité consistait à marcher selon cette relation. Or cette relation était celle d’obéissance. Il aurait pu, en ne se plaçant pas comme libre à l’égard de Dieu, demeurer simple et heureux. C’est ce que Christ a fait. Il vint pour faire la volonté de Dieu et prit la forme de serviteur. Dans la tentation au désert, Satan chercha à Lui faire abandonner cette position pour être libre et faire sa volonté, ne fût-ce qu’en mangeant lorsqu’il avait faim. Quel mal y avait-il en cela? C’était se donner comme libre et faire sa propre volonté. La réponse du Seigneur est que l’homme vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Il n’y avait dans son cœur ou dans sa volonté aucun mouvement qui ne procédât de la volonté de Dieu, ou qui ne fût pas cette volonté, et c’est la perfection. Ce n’est pas une règle mettant un frein à la propre volonté charnelle, ce dont, hélas! nous avons souvent besoin pour fonctionner en ce monde, mais c’est la volonté de Dieu comme motif de notre action, de l’action de notre volonté. C’est ce que l’Écriture nomme l’obéissance de Christ par laquelle nous sommes sanctifiés (1 Pierre 1:2). Dans un sens, à la chute en Éden, l’homme s’est rendu libre, mais libre à l’égard de Dieu, et il est tombé ainsi dans l’apostasie morale et dans l’esclavage du péché. C’est de cela que Christ nous délivre pleinement, et Il nous sanctifie par son Esprit, ayant subi la peine due aux fruits de notre volonté charnelle qui se veut maître de son destin. Comment en sommes-nous venu à devoir choisir? Si nous devons choisir, nous ne possédons pas le bien, et qui nous fera choisir le bien lorsque nous ne le voulons pas?

 

 

CHAPITRE 6

DISTINCTION ENTRE LA VOLONTÉ ET LA CONSCIENCE


  On confond aussi la conscience du bien et du mal avec la volonté. L’homme a acquis la conscience par la chute; elle est ainsi en exercice dans l’inconverti qui se trouve dans un état d’éloignement à l’égard de Dieu: la volonté est une chose distincte. La conscience est l'âme qui perçoit son existence, et la volonté est la puissance de la conscience. Dans la chair, il y a l’inimitié contre Dieu, la convoitise et l’iniquité, et lorsque la loi intervient, il y a la transgression. Si même j’ai l’Esprit de Dieu, la chair convoite contre lui du temps que je suis en ce monde. Cet état est exprimé par l'apôtre Paul dans ces paroles: «Je vois le bien et je l’approuve, et je pratique le mal» (Romains 7:19). La conscience agit d’un côté, et de l’autre se trouve la convoitise qui gouverne la volonté charnelle dans notre corps. L’homme avait donc parfaite liberté quant à ce qu’il devait faire étant mis à l’épreuve, mais l’exercice de la volonté ou le choix était précisément le péché, l’obéissance pure et simple étant sa place devant Dieu. Il fut créé bon, et n’avait pas à choisir le bien; maintenant il aime le péché et sa propre volonté, et il a besoin d’être délivré de cet état.

 

Tout dépend de la profondeur de conviction que nous avons de notre condition de péché; notre sécurité et notre joie en dépendent aussi. «Perdus» et «sauvés» répondent l’un à l’autre; notre condition dans le vieil homme et notre condition en Christ. Mais le raisonnement des Arminiens que nous voyons chez les Évangéliques modernes contient un principe entièrement faux; c’est celui-ci, que notre responsabilité dépend de notre pouvoir. Si j’ai prêté 100 000 francs à quelqu’un et qu’il ait tout dissipé, il n’a certainement pas le pouvoir de payer, mais sa responsabilité a-t-elle cessé d’exister, parce qu’il ne peut pas payer? Certainement non. La responsabilité dépend du droit de la personne qui lui a prêté la somme, et non de la capacité de celui qui a mal dépensé l’argent. Si l’homme pourrait faire usage de son libre arbitre, ce serait en gardant la loi, et non en recevant Christ, mais il ne peut ni l'un ni l'autre. Le salut n’est pas par de la loi, car Christ serait mort en vain. Mais il est dit expressément que la chair ne se soumet pas à la loi de Dieu et qu’aussi elle ne le peut pas. La conscience, il est vrai, reconnaît que la loi est juste et bonne, mais s’y soumettre et la garder est une toute autre chose. Même si le vouloir est là, l’homme est esclave, et le faire n’en est pas la conséquence. Mais la volonté n’est pas là. L’approbation donnée au bien par la conscience existe, mais non la volonté; celle-ci désire être indépendante de Dieu. La loi accepte-t-elle une telle disposition? Si nous serions libre, oui; nous avons la capacité de choisir le bien, mais l’homme désire être indépendant, c’est à dire pouvoir faire sa propre volonté car cela est sa nature même. Or, cela n’est pas l’obéissance mais de la rébellion. La loi l’exige, mais «la pensée de la chair est inimitié contre Dieu». L'apôtre Paul même pouvait dire: «Je vois le bien et je l’approuve; je suis le mal».

 

Tous les hommes ont une conscience depuis la chute, c’est à dire la connaissance du bien et du mal, c'est ce qu'ils désiraient et c'est ce qu'ils ont obtenu; ils savent en faire la distinction, mais cela ne dit rien quant à la volonté, de sorte que, puisque la loi demande l’obéissance et que la chair ne peut se soumettre, recevoir la loi est, de fait, une impossibilité. L’homme ne le désire même pas. De plus, la loi défend la convoitise, mais l’homme déchu a la convoitise dans sa chair, et c’est par la convoitise que l’apôtre dit avoir connu le péché. L’homme doit perdre sa nature avant d’être disposé à obéir à la loi, et cela il ne le peut du temps qu'il demeure en ce corps, c’est pourquoi il faut «naître de nouveau» afin que par la foi en Christ qui a obéi à la loi comme notre substitut, nous puissions être libéré du joug de la loi et marcher par la foi dans la grâce que Christ nous accorde. L’homme ne peut pas se donner à lui-même une vie divine et éternelle, il ne peut être son propre sauveur, ni peut-il contribuer quoique ce soit à son salut et sa sanctification. Pourquoi donc la loi, dira-t-on? Afin que la faute abondât, est la réponse. Par la loi, le péché est devenu excessivement pécheur, il devient tellement évident que la conscience ne peut manquer de le réaliser et elle s'écrase sous son fardeau. La loi produit la juste colère de Dieu contre nous, et non la crainte de Dieu en nous. Elle ne donne pas une nouvelle vie, et la vie que nous avons est inimitié contre Dieu. L’homme dans la chair a déjà «ce qui est prescrit de la loi écrit dans son cœur» (Romains 2:15) et il ne peut l'observer, il est accusé naturellement par ses pensées, sa conscience le fait réaliser qu'il a besoin d'un Sauveur. Cette prise de conscience est la base de toutes les religions en ce monde, l'homme est sous la culpabilité du péché et désire être racheté par quelque moyen qu'il soit, n'importe quoi pour apaiser sa conscience. De là sont issus les sacrifices les plus barbares jamais connus, de sacrifices d'animaux allant jusqu'à des sacrifices humains, mais cela n'était pas assez pour le salut de leur âme. L'homme ne peut payer lui-même le prix de son salut, il lui fallait une personne innocente et libre du péché pour accomplir son rachat. Ainsi Christ est venu pour le salut de son peuple et s'est offert à notre place sur la croix.

 

Est-il donc vrai que l'homme peut recevoir Christ? Ici, tout est grâce. Nous avons déjà cité les passages: «A tous ceux qui l’ont reçu… qui sont nés, non de la volonté de l’homme, mais de Dieu». Si la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, alors plus Dieu sera manifesté, plus l’inimitié sera grande. C’est ce que la présence de Dieu en Christ a rendu évident: «Ils ont, et vu, et haï, et moi, et mon Père», dit le Seigneur. Il est venu, et il n’y a eu personne pour le recevoir; il a rendu témoignage, et personne n’a reçu son témoignage. L’homme dans la chair ne peut voir aucune beauté en Christ, pas plus qu’il ne peut garder la loi. La chair peut-elle recevoir Christ? Peut-elle trouver son plaisir dans le Fils de Dieu? Alors elle n’est plus la chair; elle a la pensée du Père Lui-même. S’il y a en lui quelque chose d’autre que la chair, alors l’homme est déjà né de Dieu, puisque ce qui est né de la chair est chair. Si la chair peut prendre son plaisir en Christ, alors elle possède la chose la plus excellente qui se puisse trouver, non seulement sur la terre, mais dans le ciel même. Elle trouve son plaisir là où le Père trouve le sien: il ne serait donc pas nécessaire d’être né de Dieu. La chose la plus excellente que l’homme possède maintenant, par grâce, comme chrétien, il la possédait donc déjà avant de recevoir la vie en recevant Christ! Avec une semblable pensée, la certitude du salut est détruite: si le salut est le fruit de ma volonté, il dépend d’elle et non de Christ, si je dois choisir de croire la foi dépend de moi et non de Christ qui la donne gratuitement par son Esprit; si le salut peut être ainsi aisément produit par ma volonté de croire, il ne peut être dit: «Parce que je vis, vous aussi vous vivrez».


 

CHAPITRE 7

LE SALUT DÉPEND-T-IL DU CHOIX D'UNE PERSONNE ?


Au moment de la Réforme Protestante, Martin Luther a écrit un livre intitulé, Le serf Arbitre. Ce livre a été écrit en réponse à un homme nommé Érasme de Rotterdam et son enseignement sur le libre arbitre, c'est-à-dire la capacité de choisir si vraiment il serait sauvé. Luther a dit à Érasme que cette question du libre arbitre était la question la plus importante de la Réforme et il avait pleinement raison. Il a dit, «vous [Érasme] ne m’avez pas inquiété avec des questions sur la papauté, le purgatoire, les indulgences, des bagatelles plutôt que des questions ... vous et vous seul, avez vu la charnière sur laquelle tout tourne et vous êtes allé au point essentiel». Pour comprendre l'enjeu de la controverse et de la guerre spirituelle entre le libre-arbitre et la Souveraineté de Dieu, il est important de comprendre le sujet à fond afin d'obtenir du discernement entre le mensonge et la vérité.

 

Le libre arbitre est:

(1) Un démenti de la prédestination. La prédestination signifie que la volonté de Dieu (le choix de Dieu) détermine toutes choses y compris qui sera sauvé (Éphésiens 1:3-6). Tandis que le libre arbitre enseigne que le choix de l'homme est la chose décisive dans le salut et la sanctification.

(2) Un démenti de la vérité biblique que le salut par la foi est un don de Dieu (Éphésiens 2:8-10). Le libre arbitre enseigne que la foi est la décision propre d'une personne de placer sa confiance dans le Christ.

(3) Un démenti de la vérité que Christ est mort seulement pour son peuple (Matthieu 1:21). Le libre arbitre enseigne que Christ est mort pour tous sans exception et que leur salut dépend maintenant de leur acceptation de Lui, c'est-à-dire de leur choix (le libre arbitre).

 

La croyance dans le libre arbitre se voit aussi dans la sorte de prédication et d’évangélisation qui est le plus populaire aujourd'hui, la sorte qui demande aux pécheurs d'accepter Christ comme Sauveur personnel, qui utilise des appels à l’autel, des temps de décision, lever la main et d'autre forme de tactiques pour jouer sur les émotions des gens et les persuader d’accepter Christ. Toutes ces choses présupposent que le salut d'une personne dépend de son choix propre.

 

Nous croyons que la volonté de l'homme est esclave du péché et qu'il ne peut pas, non seulement faire le bien, mais il ne peut pas même vouloir le faire (Romains 8:7-8). Particulièrement il ne peut pas faire le plus grand bien de tout, choisir Christ. Nous croyons, donc, que l'homme ne peut pas croire en Christ à moins que cela «lui soit donné d’en haut» (Jean 6:44). Nous croyons aussi que ce n’est pas la volonté de l'homme, mais la souveraineté de Dieu et la prédestination éternelle qui est décisive dans le salut (Jean 1:12,13; Actes 13:48; Romains 9:16; Philippiens 2:13).

 

Pourquoi alors devons nous proclamer le message de la puissance de la grâce souveraine à tous? Premièrement on ne sais qui sont les élus avant qu'ils aient reçu la révélation de cette vérité, et deuxièmement le message de la grâce est "la puissance de Dieu pour le salut" (Romains 1:16), il est la manière dont Dieu donne la foi et la repentance à ceux qu'Il a choisi dans l'éternité et a racheté en Christ. Puisse cet Évangile être la puissance pour le salut de plusieurs!

 

Puisque Dieu est Dieu il n’a de compte à rendre à aucune de ses créatures. Qui oserait lui demander: Que fais-tu? Or qui penses-tu être pour dire à Dieu quoi faire? La créature déchue aurait-elle un droit quelconque à faire valoir envers son Créateur? Comme l’a écrit un autre: «La souveraineté de Dieu est le premier de tous les droits, le fondement de tous les droits et de toute loi morale», ainsi dit l'apôtre Paul: «Mais plutôt, toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu? La chose formée dira-t-elle à celui qui l’a formée: «Pourquoi m’as-tu ainsi faite» (Rom. 9:20). Ou bien, comme dit le prophète Ésaïe: «La cognée se glorifiera-t-elle contre celui qui s’en sert? La scie s’élèvera-t-elle contre celui qui la manie?» (És. 10:15).

 

Si donc Dieu insiste toujours dans sa Parole, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, sur le fait que seul «un résidu selon l’élection de la grâce» (Rom. 11:5) sera sauvé, et qu’il exhorte l’indifférent et l’impie à fuir aujourd’hui la colère qui vient et à être réconciliés avec Dieu, à chercher l’Éternel tandis qu’on le trouve, à l’invoquer pendant qu’il est proche (És. 55:6); si Jésus exhorte à sacrifier ce qui est le plus cher: sa main, son pied ou son œil, sa vie même, dans le cas où ils seraient un obstacle à la recherche de notre salut éternel, et s’il ajoute qu’il vaut mieux entrer dans la vie estropié ou n’ayant qu’un œil, que d’avoir les deux mains et d’être jeté dans la géhenne de feu, là où leur ver — celui des condamnés — ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas (Marc 9:43-48) — comment l’homme peut-il demander: Ne serait-il pas bon et ne devrions nous pas nous réjouir, que finalement tous les humains soient sauvés?

 

Cette question semble sans piège et sans danger et se recommande si bien à nos sentiments naturels, que beaucoup ne s’aperçoivent pas que la ruse du serpent ancien s’y trouve aussi bien cachée que dans les paroles prononcées autrefois en Éden: «Quoi, Dieu a dit?» La question s’oppose directement aux claires déclarations de la parole de Dieu. Elle revient à dire: Dieu parle-t-il vraiment sérieusement lorsqu’il dit que des hommes seront perdus pour toujours? Serait-il effectivement vrai qu’il en est qui n’ont «pas d’espérance», et cela non pas pour cette vie seulement, mais quant à l’état après la mort (car l’apôtre ne parle que de cela dans le passage connu de 1 Thess. 4:13)? Une telle pensée est-elle conciliable avec la bonté, l’amour du Dieu-Sauveur? N’y a-t-il aucune possibilité quelconque d’ôter à la Parole son tranchant impitoyable? de l’expliquer d’une autre façon?

 

On voit à quelles déductions pernicieuses, à quelles graves conséquences conduit cette question si bénigne en apparence. La conclusion à laquelle on glisse est: «Non, ceci ne peut être l’intention de Dieu», et l’on commence à mettre ses propres pensées à la place de la parole de Dieu. La vérité est falsifiée, on donne aux passages qui parlent de la grâce de Dieu et de sa volonté de faire grâce, un sens dépassant de beaucoup leur portée, et d’autre part on cherche, en suivant ses propres pensées, à atténuer le sens de ceux qui attestent le désespoir et la perdition éternelle des hommes morts dans leur incrédulité. Que dira Dieu à tout cela? Certainement il demandera sérieusement compte à tous ceux qui non seulement «s’écartent de la vérité» eux-mêmes, mais entraînent d’autres hommes dans leur égarement.

 

De façon générale, on considère que la volonté est le pouvoir de se déterminer soi-même, selon sa raison. La raison étant la faculté qui permet de définir l'homme par sa différence spécifique, c'est l'instrument qui permet de penser, la faculté qui permet de parvenir à des vérités certaines par un enchaînement logique de propositions. Mais en réalité, dans la recherche de la vérité, c'est Dieu qui produit le vouloir et le faire, c'est donc Lui qui conduit à la vérité dans l'interprétation des faits concernant son salut, telles devraient être les conclusions véritables des tous les croyants. La fausse notion la plus répandue, est que l'homme possède un «libre arbitre» (une volonté libre). La négation du libre arbitre, c'est-à-dire le pouvoir de choisir ce qui est bon, ce qui est vrai, entraîne la désapprobation véhémente de beaucoup, surtout des sectes Évangéliques.

 

Mais l'esprit de l'homme est d'abord en inimitié contre Dieu (Romains 8:7) parce que son cœur le hait (Jean 15:18). L'homme choisi selon sa nature charnelle et pécheresse, il ne peut en échapper. Par conséquent, il ne peut choisir ou préférer la Gloire de Dieu, si une nouvelle nature ne lui pas été d'abord communiquée. La volonté est la faculté de choisir, c'est la cause immédiate de toute action, ce qui implique un refus ou une acceptation. Avant tout choix, les éléments positifs et négatifs doivent être tout deux présent à l'esprit. Tout acte de volonté comprend une préférence; aucun acte de volonté n'a lieu dans l'indifférence; vouloir, c'est décider entre deux alternatives et la volonté n'est pas souveraine, elle ne peut être en même temps la cause et l'effet. Or, le choix est affecté par de nombreuses considérations déterminées par des influences diverses, subies par l'individu au cours de son éducation et de son instruction scolaire ou universitaire. Ainsi la volonté n'est pas souveraine ni autonome, au contraire elle est esclave de la chair et du péché.

 

A toutes les époques, des partisans de la liberté ou souveraineté absolue de la volonté humaines se manifestent, en particulier dans les religions. Selon leur position la volonté possède un pouvoir autodéterminant. L'élément déterminant de la volonté est celui qui la pousse à choisir, c'est-à-dire le mobile le plus puissant. Il peut s'agir de la logique de la raison, ou de la voix de la conscience, ou de l'impulsion des émotions, du chuchotement du tentateur, ou encore, dans le cas de la grâce souveraine, de la puissance du Saint-Esprit qui attire irrésistiblement ceux qui viennent à Christ. La volonté est poussée à agir par le mobile exerçant l'influence la plus puissante sur l'individu. Le mobile le plus puissant dans la grâce du salut est Christ lui-même.

 

Dans la pensée ordinaire, on enseigne souvent que la volonté gouverne l'homme. Mais selon la Bible, Parole de Dieu, le centre dominant de notre être est le cœur, c'est à dire notre conscience. Par exemple dans le livre des Proverbes 4:23 nous lisons: «Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie». D'autres part, le Seigneur Jésus a dit: «Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les adultères, les mauvaises pensées, les meurtres». C'est aussi du cœur que vienne les choix que nous prenons, soit pour l'obéissance de la loi ou la persévérance dans la foi, et nous savons que le cœur de l'homme est tortueux par dessus toutes choses.

 

CHAPITRE 8

LA SOUVERAINETÉ DE DIEU ET LA VOLONTÉ DE L'HOMME


  Le paradoxe d’Augustin, qui fait aussi sa richesse et qui explique pourquoi il a pu inspirer, au sein du christianisme, des théologies tellement divergentes, tient à la diversité de ses adversaires. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les Pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, en affirmant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté: «amissa libertas, nulla libertas» (« liberté perdue, liberté nulle »). Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut, et cela est la position biblique de l'apôtre Paul, des Réformateurs, et de tous les élus.

 

Aujourd'hui, une très grande confusion règne et les opinions les plus erronées sont avancées - même par un grand nombre de chrétiens - concernant la nature et le pouvoir de la volonté de l'homme déchu. L'idée la plus répandue, enseignée dans maintes Églises, nous dit le grand théologie Arthur Pink, est la suivante: l'homme possède un «libre arbitre» (une volonté libre) et le pécheur est sauvé lorsque cette volonté collabore avec le Saint-Esprit. La négation du «libre arbitre» de l'homme, c'est-à-dire de son pouvoir de choisir ce qui est bon, sa capacité naturelle d'accepter Christ, entraîne la désapprobation quasi-générale même de tous ceux qui tiennent une position évangélique. Cependant l'Écriture déclare avec force: «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Rom 9:16). A nouveau la Parole affirme expressément: «Nul ne cherche Dieu» (Rom 3:11). Christ n'a-t-il pas dit aux hommes de sa génération, «Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie»? (Jean 5:40) Pourtant certains sont réellement «venus» à lui et l'ont reçu. Qui étaient-ils? Jean 1:12 et 13 répond: «Mais à tous ceux qui l'ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu»! Nous l'avons dit, ceux qui sont venus ne sont pas venus d'eux-mêmes.

 

Mais l'Écriture ne dit-elle pas, «Que celui qui veut vienne»? En effet, mais cette phrase signifie-t-elle que tout homme a la volonté de venir? Que dire de ceux qui ne veulent pas venir? De même que l'expression «Étend ta main» n'implique pas la présence, en l'homme à la main desséchée, de la capacité d'obéir à cet ordre, l'invitation «Que celui qui veut vienne» n'implique pas en l'homme déchu la présence de la capacité de venir. En lui-même l'homme naturel a le pouvoir de rejeter Christ et non celui de le recevoir. Pourquoi? Parce que son esprit est «inimitié» contre lui (Rom 8:7); parce que son cœur le hait (Jean 15:18). L'homme choisit selon sa nature. Par conséquent, il ne peut choisir ou préférer le divin et le spirituel, si une nouvelle nature ne lui a été d'abord communiquée; en d'autres termes, il doit naître de nouveau, désignation qui signifie «être régénéré d'en haut» ou encore plus précisément «être régénéré dès l'origine», et pour cette nouvelle naissance il doit passer par la mort de Christ dans laquelle il est identifié. S'il ne meurt pas il ne peut être régénéré et demeure dans la perdition. Tel est le plan de Dieu dans l'élection et la réprobation dans la prédestination.


Mais, vous demanderez-vous peut-être, le Saint-Esprit ne triomphe-t-il pas de l'inimitié et de la haine de l'homme quand il convainc le pécheur de ses péchés et de son besoin de Christ? Le Saint-Esprit de Dieu ne produit-il pas cette conviction chez beaucoup de ceux qui périssent? Ce langage trahit une confusion. Si l'inimitié de ces personnes avait réellement été vaincue, alors elles se tourneraient aussitôt vers Christ. Quiconque ne vient pas au Sauveur démontre la persistance de son inimitié. Beaucoup, il est terriblement vrai, au travers de la prédication de l'Évangile, sont convaincus par le Saint-Esprit et néanmoins meurent sans la foi. Le Saint-Esprit, ne perdons pas ce fait de vue, accomplit quelque chose de plus chez les élus de Dieu: il «produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (Phil2:13), ce qu'il ne produit pas chez les réprouvés qui sont exclus de cette grâce.

 

Cependant, l'arminien évangélique répondra à ce que nous venons de dire en affirmant que l'œuvre de conviction de l'Esprit est la même chez les convertis et les inconvertis: les premiers cèdent à ses efforts, alors que les derniers y résistent, ce qui crée la distinction entre ces deux catégories de personnes. Mais, selon cette affirmation, le chrétien serait à l'origine de cette différence, or l'Écriture l'attribue à un don de Dieu (1 Cor 4:7). De plus, cette affirmation donnerait au chrétien un motif de s'enorgueillir et de se glorifier de sa collaboration avec l'Esprit, ce qui ferait du salut «un salut par les œuvres», déformant ainsi son sens réel. Mais cette optique contredit de façon catégorique le texte d'Éphésiens 2:8: «Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.», don qu'il accorde seulement à ses élus.

 

Venons-en maintenant à l'expérience véritable de tout chrétien. N'y eut-il pas une époque (dont le souvenir ne manquera pas de nous humilier!) où nous ne voulions pas venir à Christ? Sans aucun doute. Depuis lors nous sommes venus à lui. Sommes-nous prêts à lui en attribuer toute la gloire? (Psm. 115:1) II nous faut reconnaître que le Saint-Esprit a surmonté notre refus et nous a disposés à venir. Par contre, il n'a manifestement pas agi en tous comme il l'a fait en nous, car cette notion s'applique uniquement aux élus, c'est à dire à ceux qui ont été choisis en Christ depuis avant la fondation du monde. Un grand nombre ont entendu l'Évangile et compris leur besoin de Christ, sans toutefois vouloir encore venir à lui, car ils n'étaient pas désignés à venir. Il a donc accompli une œuvre plus puissante en nous qu'en eux. Disons-nous: «Je me souviens pourtant très bien de l'époque où le salut me fut présenté, et ma conscience témoigne du rôle de ma volonté en cédant à Jésus-Christ»? Certes. Mais avant que nous «cédions», le Saint-Esprit a dû vaincre l'inimitié naturelle de notre esprit contre Dieu, car les élus sont aussi sous l'influence de la chair et du péché. Or, il ne vainc pas cette «inimitié» chez tous. Cela ne vient pas de ce qu'ils refusent de laisser vaincre leur inimitié, car tous agissent ainsi avant qu'un miracle de grâce divine toute-puissante ne transforme leur cœur.

 

Demandons-nous maintenant en quoi consiste la volonté humaine? S'agit-il d'une faculté autonome et souveraine, ou est-elle dirigée par autre chose? La volonté surpasse-t-elle toutes les autres facultés de notre être au point de les gouverner, ou est-elle affectée par leurs impulsions et sujette à leurs caprices? La volonté dirige-t-elle l'esprit, ou celui-ci la contrôle-t-il? La volonté est-elle libre d'agir comme bon lui semble, ou une autorité extérieure la force-t-elle à lui obéir? La volonté occupe-t-elle une place à part parmi les grandes facultés ou pouvoirs de l'âme, homme dans l'homme, capable de le renverser, de s'opposer à lui? Ou est-elle reliée aux autres facultés, comme la queue s'attache au corps et ce dernier à la tête? Ainsi, quand la tête se déplace tout le corps suit. De même si l'homme est tel que sont les pensées dans son âme. Tout d'abord la pensée, puis le cœur (désir ou aversion) et enfin l'acte. Le chien remue la queue, et non celle-ci le chien. La volonté n'est pas chez l'homme la faculté première, mais elle est soumise aux autres. La vraie philosophie de l'action morale correspond au processus de Genèse 3:6: «La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue» (perception des sens, intelligence), «et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence» (les émotions, sentiments), «elle prit de son fruit, et en mangea» (volonté, action). Ces questions ne revêtent pas seulement un intérêt académique, mais possèdent une importance pratique capitale. Nous ne pensons pas exagérer en affirmant que la réponse à ces questions constitue un critère essentiel de la saine doctrine. La résurgence de la doctrine du libre arbitre sert à étayer la prétention que possède l'homme naturel de ne pas être déchu de façon irrémédiable, car c'est l'aboutissement logique de cette doctrine. Quiconque n'est pas passé par une profonde conviction du péché, ou chez qui cette conviction concerne seulement des péchés flagrants, croit dans une certaine mesure au libre arbitre.


 

CHAPITRE 9

QU'EST-CE QUE LA VOLONTÉ ?


  C'est la faculté de choisir, la cause immédiate de toute action. Choisir implique nécessairement un refus et une acceptation. Avant tout choix, les éléments positifs et négatifs doivent être tous deux présents à l'esprit. Tout acte de volonté comprend une préférence, le désir d'une chose plutôt qu'une autre, car aucun acte de volonté ne peut avoir lieu dans l'indifférence. Vouloir c'est choisir, et choisir revient à décider entre des alternatives. Mais quelque chose influence le choix et détermine la décision. Par conséquent la volonté ne peut pas être souveraine puisqu'elle dépend de ce «quelque chose». Elle ne peut être en même temps la cause et l'effet. Elle n'est pas causale car, comme nous l'avons dit, quelque chose est à l'origine de son choix; par suite cet élément en constitue la cause. Le choix lui-même est affecté par certaines considérations, déterminé par des influences diverses subies par l'individu lui-même. Ainsi la volition dépend de ces considérations et de ces influences; auquel cas elle doit leur être soumise. Ainsi elle n'est pas souveraine et nous ne pouvons pas en revendiquer la «liberté» absolue. Les actes de la volonté n'ont pas leur source en eux-mêmes - affirmer le contraire revient à poser le postulat d'un effet sans cause. «Ex nihilo nihil fit» - rien ne vient de rien.

 

A toutes les époques, toutefois, des partisans de la liberté ou souveraineté absolue de la volonté humaine ont existé. La volonté, soutiendront certains, possède un pouvoir autodéterminant. Ainsi, je peux regarder vers le haut ou vers le bas: mon esprit demeure indifférent, ma volonté doit décider. Il s'agit d'une contradiction dans les termes. D'après cet exemple, je choisis en raison d'une préférence tout en restant parfaitement indifférent. De toute évidence les deux ne peuvent être vrais. L'esprit, pourrait-on répliquer, était tout à fait indifférent avant de manifester sa préférence. Certes, mais jusqu'à ce moment-là la volonté aussi demeurait inactive! Mais à l'instant où l'indifférence disparut, le choix s'opéra, et l'indifférence céda la place à la préférence. Ce dernier fait renverse l'argument reconnaissant à la volonté la capacité de choisir entre deux éléments désirés de façon égale. Comme nous l'avons déjà dit, un choix implique l'acceptation d'une alternative et le rejet d'une ou de plusieurs autres. L'élément déterminant de la volonté est celui qui la pousse à choisir. Qu'est-ce qui détermine la volonté de l'homme naturel si ce n'est le désir d'indépendance. Le mobile le plus puissant. La nature de ce mobile varie selon les cas. Il s'agit parfois de la logique de la raison, ou la voix de la conscience, ou l'impulsion des émotions, le chuchotement du tentateur. La volonté est poussée à agir par le mobile exerçant l'influence la plus puissante sur l'individu. En d'autres termes, l'action de la volonté est déterminée par cette condition de l'esprit (qui à son tour est influencée par le monde, la chair et le diable, ou bien par Dieu dans le cas des élus) dotée de la plus grande capacité pour susciter la volition. L'analyse prouve que des considérations spirituelles dirigèrent l'esprit ou la faculté de raisonnement et que celui-ci régla et contrôla la volonté. Si par conséquent l'esprit contrôle la volonté, elle n'est ni souveraine, ni libre, en fait elle est esclave de l'esprit de la chair.

 

La volonté, enseigne-t-on souvent, gouverne l'homme. Mais, selon la Parole de Dieu, le centre dominant de notre être est «le cœur», c'est à dire la conscience ou l'âme. De nombreux passages bibliques pourraient être cités pour soutenir cette affirmation; «Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie» (Prov 4:23). «Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres...» (Marc 7:21). Ici, le Seigneur fait remonter ces actes répréhensibles à leur source, le «cœur» et non la volonté! De nouveau, «Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi» (Mat 15:8). Si davantage de preuves s'avéraient nécessaires, nous pourrions attirer l'attention sur le fait suivant: la Bible cite le mot «cœur» trois fois plus que le mot «volonté» et, de plus, presque la moitié de ces références se rapportant à la volonté concerne celle de Dieu!

 

Quand nous affirmons, «Le cœur et non la volonté gouverne l'homme», nous ne désirons pas couper les cheveux en quatre, mais mettre l'accent sur une distinction d'importance vitale. Prenons le cœur d'une personne confrontée à deux alternatives; laquelle va-t-elle choisir? La plus agréable pour elle, c'est-à-dire, pour son «cœur» - partie la plus profonde de son être, c'est à dire la conscience de son existence propre. Le pécheur se trouve confronté d'une part à une vie de vertu et de piété, d'autre part à une vie d'abandon au péché. Laquelle des deux suivra-t-il? La seconde. Pourquoi? Parce qu'il en a fait le choix. Mais ce fait prouve-t-il le caractère souverain de la volonté? Nullement. Remontons de l'effet à la cause. Pourquoi choisit-il une vie d'abandon au péché? Parce qu'il la préfère, ou à cause qu'il a subit des influences extérieures qui le dirigent? Mais il la préfère vraiment envers et contre tout, même s'il ne jouit aucunement des effets d'un pareil choix, car sa volonté est esclave du péché. Et pourquoi la préfère-t-il? Parce que son cœur est pécheur. La même alternative s'offre au chrétien réel, sauf que le choix n'est plus le facteur déterminant, il est poussé par l'Esprit qui l'habite à faire confiance au Seigneur Jésus pour toutes choses dans sa vie. Pourquoi? Parce que Dieu lui a donné un cœur nouveau, une nature nouvelle qui l'empêche de se justifier par les œuvres d'un choix personnel. En résumé, la volonté du pécheur ne le rend pas insensible à tout appel «d'abandonner sa voie», mais la responsabilité en incombe à son cœur corrompu et méchant. Il ne viendra pas à Christ car il ne le veut pas, et cela parce que son cœur hait Dieu et aime le péché! (Jer. 17:9)

 

Tout exposé sur la volonté humaine, sa nature et sa fonction, doit distinguer entre trois hommes différents: Adam avant la chute, le pécheur et le Seigneur Jésus-Christ. La volonté d'Adam avant la chute était libre, à la fois envers le bien et le mal dans le sens que dans son état de serviteur il en avait aucune conscience ni aucun besoin. Il n'en est pas de même pour le pécheur. Ce dernier naît avec une volonté moralement déséquilibrée car en lui se trouve un cœur «tortueux par-dessus tout et incurable», et cette réalité lui confère un penchant pour le mal. Le Seigneur Jésus, lui, diffère radicalement à la fois du pécheur et d'Adam avant la chute. Il ne pouvait pas pécher, car il est «le saint de Dieu», Dieu lui-même manifesté dans la chair. Avant sa venue ici-bas, Marie reçut ces paroles: «Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu» (Luc 1:35). La volonté du Fils de l'Homme, nous le disons avec un très grand respect, n'était pas dans une position neutre, capable de se tourner soit vers le bien soit vers le mal. La volonté du Seigneur Jésus était tournée naturellement et constamment vers le bien, car son humanité parfaite, sainte et sans péché, va sans cesse de pair avec sa divinité éternelle. Or, à l'opposé de la volonté du Seigneur Jésus, toujours dirigée vers le bien, de celle d'Adam, en condition neutre avant la chute - rendu capable par après de se tourner vers le bien ou vers le mal - la volonté du pécheur a un penchant vers le mal et, par suite, n'est «libre» que dans une seule direction: celle du mal. La volonté du pécheur est enchaînée car, comme nous l'avons déjà dit, elle est esclave d'un cœur corrompu.

 

En quoi consiste la liberté du pécheur? Cette question découle naturellement des propos ci-dessus. Le pécheur est libre au sens où il n'est pas contraint de l'extérieur. Il ne faut pas nier, comme on le suppose trop souvent, la libre capacité de l'homme d'agir selon sa volonté. Cette question n'a rien à voir avec le libre arbitre (tel que ce mot est généralement utilisé) et les deux ne doivent pas être confondus. Le théologien Charles Hodge écrit: «La doctrine de l'incapacité de l'homme ne signifie pas que l'homme a cessé d'être un individu moral libre. Il est libre car il décide de ses propres actions. Tout acte de la volonté est un acte d'auto-détermination libre. Il est un agent moral car il a conscience de son obligation morale et, quand il pèche, il agit librement contre les convictions de sa conscience ou les préceptes de la loi morale. Si l'homme préfère choisir le mal.., il n'en est pas moins un agent moral libre que s'il préfère et choisit le bien...» En d'autres mots, l'homme est libre d'agir uniquement à l'intérieur du contexte de lois préalablement établies, ce qui signifie que le libre-arbitre est une illusion.

 

Personne ne l'oblige jamais à pécher, il le fait naturellement. Il n'est cependant pas libre d'accomplir soit le bien, soit le mal, car son cœur mauvais le pousse toujours à pécher. Prenons une illustration. Je tiens un livre à la main. Je le lâche. Qu'arrive-t-il? Il tombe. Dans quelle direction? Vers le bas; toujours vers le bas. Pourquoi? Parce que, d'après la loi de la gravité, son poids l'entraîne dans cette direction. Si je désire que le livre soit à un mètre plus haut, que dois-je faire? Je dois le soulever, exercer une force extérieure au livre qui le soulève. Il en est de même avec la relation de l'homme déchu et de Dieu. Quand la puissance divine le soutient, il ne s'enfonce pas plus profondément dans le péché. Elle se retire et il tombe - son propre poids (de péché) l'entraîne. Dieu ne le tire pas vers le bas. Si la puissance divine se retirait entièrement, tout homme serait capable de devenir, et deviendrait en réalité, un Caïn, un Pharaon, un Judas. Comment le pécheur peut-il s'élever vers le ciel? Par un acte de sa propre volonté? Certainement pas. Une puissance extérieure à lui-même doit le saisir et le soulever. Le pécheur est libre, mais seulement dans une direction - libre de tomber, de pécher. Comme la Parole l'exprime: «Lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice» (Rom 6:20). Le pécheur est libre d'agir toujours comme il lui plaît (sauf quand Dieu le retient), mais il se plaît dans le péché.

 

Le principe vital de la volonté est le souffle, car sans le respire la volonté ne peut agir, en fait elle n'a aucune existence sans cet élément essentiel. L'homme a beau dire qu'il a le libre-choix mais il n'est pas même maître de son propre respire, il n'est pas celui qui a décidé de prendre son premier respire en ce monde. En d'autres mots aucun de nous avons choisi de naître en ce monde et d'y respirer le souffle de vie. Cherchez d'arrêter de respirer pour quelques minutes ou quelques heures et vous réaliserez rapidement que le libre-choix est une illusion. Vous pouvez le désirer de tout votre cœur, le vouloir de tout votre force, mais jamais vous serez maître de votre propre respire au point de vous en passez pour quelques heures ou quelque jours et de le reprendre par après. Lorsque vous réussirez une telle chose, nous écouterons ce que vous avez à dire sur votre doctrine du libre-choix. Le seul qui a réussi à se passer de respirer, l'a fait pour trois jours et demi et a reprit son respire par après, et évidemment il s'agit du Seigneur Jésus ici, et lui seul nous écoutons.


 

CHAPITRE 10

AFFIRMER OU NIER LA CORRUPTION TOTALE ?


  Au début, nous avons insisté sur l'importance pratique d'avoir une conception juste de la nature et de la fonction de la volonté, critères fondamentaux de la saine doctrine. Nous souhaitons amplifier cette affirmation et essayer de démontrer son exactitude. La liberté ou l'esclavage de la volonté constituaient la frontière entre l'augustinianisme et le pélagianisme et, plus récemment, entre le calvinisme et l'arminianisme. En termes simples, fallait-il affirmer ou nier la corruption totale de l'homme?

 

La volonté humaine est-elle capable d'accepter ou de rejeter le Seigneur Jésus comme Sauveur? Si l'Évangile est prêché au pécheur et que le Saint-Esprit le convainc de sa condition de perdu, l'homme peut-il s'abandonner à Dieu par la seule puissance de sa propre volonté? Notre réponse à cette question définit notre conception de la corruption de l'homme. Pour tous les chrétiens l'homme est un être déchu, mais leur définition du mot «déchu» est souvent difficile à déterminer. Pour beaucoup l'homme est maintenant mortel et non plus dans son état originel lors de la création; il peut être malade et avoir hérité des penchants mauvais mais, s'il utilise ses pouvoirs au mieux, il deviendra enfin heureux. Comme cette conception est bien en-dessous de la triste réalité! Nos infirmités, nos maladies, même la mort physique, ne sont rien comparées aux effets spirituels et moraux de la chute! Seulement en nous référant aux Saintes Écritures, pouvons-nous avoir une idée juste de cette terrible catastrophe.

 

Lorsque nous parlons de la corruption totale de l'homme, nous voulons dire que le péché, ayant pénétré dans la constitution humaine, en a affecté toutes les facultés. La corruption totale signifie que l'homme, dans son esprit, dans son âme et dans son corps, est l'esclave du péché et le captif de Satan - marchant «selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion» (Éph 2:2). Cette affirmation ne devrait pas avoir besoin de preuve, car il s'agit d'un fait courant de l'expérience humaine. L'homme est incapable de réaliser ses propres aspirations et de matérialiser ses propres idéaux. Il ne peut accomplir ses désirs. Une incapacité morale le paralyse. C'est la preuve flagrante de son absence de liberté et de sa condition d'esclave du péché et de Satan. «Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père» (Jean 8:44). Le péché, plus qu'un acte ou une série d'actes, est un état ou une condition d'égarement ou de déviation des principes de la loi, en fait «la loi est la puissance du péché». C'est la source et la cause de toute action. Le péché a pénétré et s'est répandu dans l'homme en son entier. Il a aveuglé son intelligence, corrompu son cœur et séparé son esprit de Dieu. La volonté n'a pas échappé à son emprise. Elle est sous la domination du péché et de Satan. Par conséquent, elle n'est pas libre. Bref, les préférences et les choix de la volonté résultent de l'état du cœur, «tortueux par-dessus tout et incurable». «Nul ne cherche Dieu» (Rom 3:11).

 

Nous répétons notre question: la volonté humaine est-elle capable de s'offrir à Dieu? Essayons de donner une réponse en nous posant plusieurs autres questions: l'eau peut-elle (par elle-même) s'élever au-dessus de son propre niveau? La pureté peut-elle provenir de l'impureté? La volonté peut-elle renverser la tendance et le penchant de la nature humaine? Ce qui est sous la domination du péché peut-il produire la pureté et la sainteté? De toute évidence, non. Si la volonté d'un être déchu et corrompu se tourne vers Dieu, une puissance doit renverser les influences contraires du péché qui l'en éloignent. C'est une autre manière d'affirmer, «Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire» (Jean 6:44). En d'autres termes, «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde» (Rom 9:16). Si Christ est venu sauver les perdus, il est évident que le libre arbitre n'a aucune place.

 

La volonté n'est pas souveraine mais dépendante, car les autres facultés de l'être humain l'influencent et la contrôlent. Elle n'est pas libre, car l'homme est l'esclave du péché, ce qui apparaît très clairement dans les paroles du Seigneur: «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» (Jean 8:36). L'homme est un être rationnel et par suite responsable envers Dieu, mais lui reconnaître la capacité de choisir le bien dans le domaine spirituel revient à nier la corruption totale de sa nature, la corruption de la volonté comme de toutes ses autres facultés. La volonté de l'homme est gouvernée par son raisonnement charnel et son cœur tortueux. Or le péché a totalement corrompu et perverti ceux-ci. Ainsi pour que l'homme se tourne vers Dieu, Dieu lui-même doit œuvrer en lui; «car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (Phil 2:13). La liberté tant vantée de l'homme est, en vérité, «l'esclavage de la corruption». Il «est asservi à toute espèce de désirs et de passions». Un serviteur de Dieu fondé dans les Écritures, a écrit: «L'homme est impuissant quant à sa volonté. Cette dernière est opposée à Dieu. Nous croyons à la libre volonté, mais alors il s'agit d'une volonté libre seulement pour agir selon sa nature pécheresse, elle est libre de péché, de s'égarer dans toutes sortes de faux raisonnements, mais elle n'est pas libre de ne pas pécher. Une colombe ne saurait vouloir manger de la charogne ni un corbeau manger la nourriture délicate de la colombe. Mais si vous donnez au corbeau la nature de la colombe, il mangera alors la nourriture de celle-ci. L'esprit de concurrence charnelle est incapable de vouloir la sainteté. Dieu, nous le disons avec respect, est incapable de vouloir le mal. Le pécheur dans sa nature pécheresse ne peut jamais vouloir agir selon Dieu. Pour y parvenir, il doit naître de nouveau. » Telle est précisément la conception exposée tout au long de ce chapitre: la volonté est dirigée par la nature pécheresse de l'homme.

 

CHAPITRE 11

LE SALUT SUPERFICIEL DES ÉVANGÉLIQUES


  Parmi les décrets du Concile de Trente (1563) qui font autorité dans le catholicisme, nous trouvons (dans les Canons sur la Justification) les affirmations suivantes:


«Si quiconque affirme que la libre volonté, mue et stimulée par Dieu, ne coopère pas, d'un commun accord, avec Dieu, source de la stimulation, dans le but de le disposer et de le préparer pour l'obtention de la justification, si de plus quiconque dit que la volonté ne peut refuser de se soumettre, si elle le désire, mais qu'elle est inactive et simplement passive, qu'il soit anathème! »


«Si quiconque affirme que, depuis la chute d'Adam, la libre volonté de l'homme est déchue et anéantie; ou qu'elle existe seulement de nom, qu'elle est une fiction introduite par Satan dans l'Église, qu'il soit anathème! »


Ainsi, quiconque insiste sur la libre volonté de l'homme naturel croit en réalité à l'enseignement catholique romain sur le sujet, et tel est le cas de tous les Évangéliques modernes, mouvement subtil qui est nul autre que du néo-catholicisme sous déguisement biblique! Cette déclaration pernicieuse du Concile de Trente, identique à la position du mouvement Évangélique, surtout au sein des sectes Pentecôtistes et Charismatiques, est la base même de l'apostasie générale d'un christianisme contrefait.

 

Trois choses sont indispensables pour le salut du pécheur: la décision ou choix de Dieu; son incarnation dans le monde; l’application de sa grâce par l’Esprit de sa Présence. Dieu doit décider son salut, ce qu'il a fait pour ses élus dans son décret d'élection avant la fondation du monde. En s'incarnant comme Fils, il devait l'acquérir en s'offrant en sacrifice sur la croix, et par l'Esprit de sa Sainte Présence il devait l'appliquer en venant habiter dans leur cœur. Dieu ne se contente pas de nous inviter sinon nous serions tous perdus. L'Ancien Testament nous en donne une illustration frappante. Dans Esdras 1:1-3 nous lisons: «La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s'accomplît la parole de l'Eternel prononcée par la bouche de Jérémie, l'Eternel réveilla l'esprit, de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume: Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: L'Eternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d'entre vous est de son peuple? Que son Dieu soit avec lui, et qu'il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de l'Eternel, le Dieu d'Israël!» Nous avons ici une offre proposée à un peuple en captivité, lui donnant l'occasion de partir et de retourner à Jérusalem, la ville sainte. Tout le peuple d'Israël répondit-il à cette offre? Pas du tout! La grande majorité se contenta de rester dans le pays de leurs ennemis. Seul un petit nombre (un reste) tira parti de cette offre de miséricorde! Pourquoi? Écoutons la réponse de l'Écriture: «Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l'esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l'Éternel à Jérusalem»! (Esd 1:5) De même, Dieu «réveille l'esprit» de ses élus quand il les appelle puissamment au salut et, avant cet instant, ils ne possèdent aucune volonté à répondre à la proclamation divine à laquelle ils ont été prédestinés. Ils sont régénérés dès l'origine mais leur conscience ne peut en saisir la révélation avant ce moment, et Dieu a déterminé que ce moment se produise à la croix.

 

L'œuvre superficielle d'un grand nombre d'évangélistes professionnels de ces cinquante dernières années est largement responsable de l'optique erronée et maintenant courante sur l'esclavage de l'homme naturel, encouragée par la paresse de l'auditoire à «examiner toutes choses» (1 Thés. 5:21). Beaucoup d'enseignement évangélique nous donne l'impression que le salut du pécheur repose entièrement en son pouvoir. On entend dire souvent: «Dieu a fait sa part, maintenant l'homme doit faire la sienne.» Hélas, par nature l'homme est mort par ses offenses et par ses péchés (Éph 2:1). Or, que peut faire un homme privé de la vie? Si ces gens prétendument chrétiens croyaient vraiment à la vérité, ils compteraient davantage sur le Saint-Esprit et sa puissance miraculeuse qui agit dans les cœurs, et moins sur leur tentative de gagner des hommes à Christ avec un faux évangile du libre-choix.

 

Quand ils s'adressent aux non-convertis, les prédicateurs dressent souvent une analogie entre le don de l'Évangile que Dieu offre aux pécheurs et un homme malade dans un lit, avec le médicament miracle sur sa table de nuit: il n'a qu'à étendre la main et saisir ce médicament. Mais cette affirmation devrait être en tous points conforme à l'image de l'homme déchu et corrompu donnée par l'Écriture. Par conséquent le malade doit être aveugle (Eph 4:18), incapable de voir le médicament, avoir la main paralysée (Rom 5:6) et être incapable de le saisir, et son cœur dénué de toute confiance dans le remède et rempli de haine envers le docteur lui-même (Jean 15:18). Que cette optique de la condition désespérée de l'homme, soutenue aujourd'hui, est superficielle! Christ est venu ici-bas non pas pour aider ceux disposés à s'aider eux-mêmes, mais pour accomplir pour son peuple ce que ce dernier est incapable de réaliser: «Pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres» (Ésa. 42:7).

A Christ seul soit la gloire !